EXERCICES PROPOSÉS
- Tenir un journal spirituel en lien avec la formation
Parmi les questions à vous poser : Qu'est-ce qui, dans le contenu délivré, vous a touché le plus et pourquoi ? Qu'est-ce qui opère une certaine frustration et quelle en serait la cause ? Qu'est-ce qui ouvre à une meilleure compréhension et pourquoi ?
Le journal permet notamment de prendre conscience de sa propre expérience, sans quoi il est difficile de grandir en elle, et plus encore d’écouter celle des autres sans y projeter la sienne, ce qui est l’une des tentations dans l’accompagnement spirituel. Selon Yves Raguin (voir son texte Maître et disciple) : « C'est un fait que d'ordinaire une expérience non exprimée nous échappe, car nous ne savons pas comment la saisir et encore moins comment la contrôler. » (1985 : 137).
Prendre conscience de son expérience, c’est aussi y réfléchir, en donner une interprétation. Selon Kevin Cronin (prêtre franciscain) : « One might have a million experiences in life, but if one does not reflect on his or her experiences, there would be little or no growth. My method in writing this book will flow from the personal integration of my theological knowledge, aided by all of my past studies in philosophy and psychology, as well as everything I’ve learned in my life. » (1992 : 15)
Le journal est donc un outil précieux pour une meilleure compréhension de soi dans l’effort même d’articuler ses propres expériences. Il consiste certes à décrire des sentiments, des émotions ou des états de conscience, mais plus encore il permet d’exprimer, de façon systématique autant que possible, la manière dont ces expériences nous interpellent positivement ou négativement – positivement, c’est-à-dire en quoi elles approfondissent notre compréhension en nous révélant de nouvelles intuitions ; négativement, c’est-à-dire en quoi elles remettent en cause certaines de nos certitudes. L’interpellation peut venir soit d’une expérience de silence, soit d’un contenu théorique ; dans tous les cas, elle nous offrira d’affiner la compréhension que nous avons de nous-mêmes.
Cela exige toutefois de veiller notamment au point suivant. Dans l’exercice du journal, Raguin nous sensibilise au fait de savoir d’où viennent les mots ; il faut constamment vérifier si ce que je dis est vraiment l’expression de mon expérience (1985 : 138) : 1) Les mots peuvent venir de la mémoire ; dans ce cas, j’ai l’illusion qu’ils expriment une expérience profonde. 2) Ils peuvent aussi venir du subconscient ; dans ce cas : « Ce qui vient sous ma plume est un trésor profondément enfoui et recouvert par des années d'oubli. A ce point, ce que j'écris est vraiment mon expérience personnelle, dans sa profondeur historique et dans son épaisseur humaine. » (1985 : 137)
Pour Raguin, c’est dans l’exercice du journal qu’on apprend l’art de la direction spirituelle en apprenant à se connaître soi-même. (1985 : 137) Et d’ajouter : « Si j'aspire à aider les autres dans leur vie spirituelle je dois sans cesse m'exercer à cette sincérité totale de l'expression. » (1985 : 138)
CRONIN, Kevin M., Kenosis. Emptying Self and the Path of Christian Service, Rockport (MA), Element, 1992, 116p.
RAGUIN, Yves, Maître et disciple. La direction spirituelle, Desclée de Brouwer/Bellarmin, Paris, 1985, 143p.
Prendre conscience de son expérience, c’est aussi y réfléchir, en donner une interprétation. Selon Kevin Cronin (prêtre franciscain) : « One might have a million experiences in life, but if one does not reflect on his or her experiences, there would be little or no growth. My method in writing this book will flow from the personal integration of my theological knowledge, aided by all of my past studies in philosophy and psychology, as well as everything I’ve learned in my life. » (1992 : 15)
Le journal est donc un outil précieux pour une meilleure compréhension de soi dans l’effort même d’articuler ses propres expériences. Il consiste certes à décrire des sentiments, des émotions ou des états de conscience, mais plus encore il permet d’exprimer, de façon systématique autant que possible, la manière dont ces expériences nous interpellent positivement ou négativement – positivement, c’est-à-dire en quoi elles approfondissent notre compréhension en nous révélant de nouvelles intuitions ; négativement, c’est-à-dire en quoi elles remettent en cause certaines de nos certitudes. L’interpellation peut venir soit d’une expérience de silence, soit d’un contenu théorique ; dans tous les cas, elle nous offrira d’affiner la compréhension que nous avons de nous-mêmes.
Cela exige toutefois de veiller notamment au point suivant. Dans l’exercice du journal, Raguin nous sensibilise au fait de savoir d’où viennent les mots ; il faut constamment vérifier si ce que je dis est vraiment l’expression de mon expérience (1985 : 138) : 1) Les mots peuvent venir de la mémoire ; dans ce cas, j’ai l’illusion qu’ils expriment une expérience profonde. 2) Ils peuvent aussi venir du subconscient ; dans ce cas : « Ce qui vient sous ma plume est un trésor profondément enfoui et recouvert par des années d'oubli. A ce point, ce que j'écris est vraiment mon expérience personnelle, dans sa profondeur historique et dans son épaisseur humaine. » (1985 : 137)
Pour Raguin, c’est dans l’exercice du journal qu’on apprend l’art de la direction spirituelle en apprenant à se connaître soi-même. (1985 : 137) Et d’ajouter : « Si j'aspire à aider les autres dans leur vie spirituelle je dois sans cesse m'exercer à cette sincérité totale de l'expression. » (1985 : 138)
CRONIN, Kevin M., Kenosis. Emptying Self and the Path of Christian Service, Rockport (MA), Element, 1992, 116p.
RAGUIN, Yves, Maître et disciple. La direction spirituelle, Desclée de Brouwer/Bellarmin, Paris, 1985, 143p.
Extrait du livre de RAGUIN, Yves, Maître et disciple, pp.137-138 : À propos du journal
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Question actuelle : Pouvez-vous identifier et articuler deux questions à partir du contenu de la session 4 (module 1) ?
Questions précédentes :
. Pouvez-vous identifier et articuler deux questions à partir du contenu de la session 3 (module 1) ?
. Si toute expérience est interprétée, quelles en sont les conséquences sur le discernement spirituel?
. Quelle est votre expérience de l'écriture ? L'action d'écrire révèle quoi de vous-même ? En quoi peut-elle devenir un exercice spirituel ?
. Pouvez-vous identifier et articuler deux questions à partir du contenu de la session 3 (module 1) ?
. Si toute expérience est interprétée, quelles en sont les conséquences sur le discernement spirituel?
. Quelle est votre expérience de l'écriture ? L'action d'écrire révèle quoi de vous-même ? En quoi peut-elle devenir un exercice spirituel ?
- Projet de recherche
Dans le cadre de votre projet de recherche, je vous propose de (pas d'obligation) m'envoyer votre titre (sous la forme d'une question), votre sous-titre et un petit descriptif (deux ou trois paragraphes) faisant état de ce que vous voulez montrer (quoi?), de la raison pour laquelle vous voulez montrer cela (pourquoi?) et de la méthode pour y parvenir (comment?).
Voici un exemple. C'est le titre et le descriptif d'un article que j'ai publié dans la revue Dilatato Corde. Notez que vous pouvez ajouter un sous-titre qui explicite davantage votre titre.
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LA PRATIQUE DU MANTRA DANS LA MÉDITATION SELON JOHN MAIN
Résurgence d’un discours apologétique entre origine chrétienne et influence hindoue
Résurgence d’un discours apologétique entre origine chrétienne et influence hindoue
John Main est à l’origine d’un type de prière contemplative chrétienne accessible à tous et basée principalement sur la récitation d’un « mantra ». Depuis qu’il a été initié à la pratique de la méditation avec un maître hindou, on peut légitimement s’interroger sur l’apport de l’hindouisme dans sa compréhension chrétienne de la prière contemplative. Dans cet article, nous montrons que la pratique de la méditation de Main est certes influencée par l’enseignement du Swami, mais qu’elle n’en est pas moins fidèle à l’esprit de la prière chrétienne et témoigne d’une nouvelle cohérence, à la fois fidèle à sa tradition et redevable à un autre courant spirituel.
CROIRE DANS UNE SOCIÉTÉ SANS DIEU ?
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L'ÉCRITURE COMME VOIE SPIRITUELLE ET SOURCE DE RENOUVEAU
Écriture et lecture sont les deux faces d'un même processus de connaissance et de transformation de soi. Selon Marguerite Duras, ''L'homme, un jour, lira… et tout recommencera.''
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- L'alambic, symbole de l'écriture comme voie spirituelle
Ô vive flamme d’amour, Qui frappez délicatement Le plus profond centre de mon âme, Puisque vous ne m’êtes plus fâcheuse, Achevez, s’il vous plaît, votre ouvrage ; Rompez le voile de cette douce rencontre. Ô cautère agréable ! Ô délicieuse plaie ! Ô main douce ! ô délicat attouchement ! Qui a le goût de la vie éternelle, Qui paie toutes mes dettes ! En faisant mourir, vous avez changé la mort en la vie. Ô flambeau de feu ! Dont les splendeurs Éclairant les profondes cavernes Du sens obscurci et aveuglé, Dans ses excellences extraordinaires, Donnent tout ensemble de la chaleur et de la lumière à son bien-aimé. Avec combien de douceur et d’amour Vous éveillez-vous dans mon sein Où vous demeurez seul en secret ! Dans votre douce aspiration, Pleine de biens et de gloire, Que vous m’enflammez agréablement de votre amour ! |
- Le pouvoir des mots
. « ‘Le nom de la Rose’ est une expression utilisée au Moyen Age pour désigner la puissance du langage. Même si la rose est absente, même si elle n’a jamais existé, elle subsiste dans le langage. » Jean-Jacques Annaud parle de son film, Le nom de la Rose (1986), tiré du roman de Umberto Eco. Voir à 1'6''
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. À propos de la Novlangue dans le roman "1984" de George Orwell
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L'IMPORTANCE DES MOTS - VERS UN ÉQUILIBRE ENTRE EXPÉRIENCE ET DOCTRINE
- La Voie s’enseigne
Pour parcourir la voie il importe qu’on nous l’enseigne. Il ne s’agit pas simplement de se lancer à l’aventure, à l’aveuglette, sans trop savoir; l’action et l’expérience seules ne suffisent pas. Il faut aussi en avoir une compréhension juste.
Matthieu 22,16 : Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les hérodiens, qui dirent : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes (didaskô) la voie de Dieu selon la vérité, sans t'inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes.
Καὶ ἀποστέλλουσιν αὐτῷ τοὺς μαθητὰς αὐτῶν μετὰ τῶν Ἡρῳδιανῶν, λέγοντες, Διδάσκαλε, οἴδαμεν ὅτι ἀληθὴς εἶ, καὶ τὴν ὁδὸν τοῦ θεοῦ ἐν ἀληθείᾳ διδάσκεις, καὶ οὐ μέλει σοι περὶ οὐδενός, οὐ γὰρ βλέπεις εἰς πρόσωπον ἀνθρώπων.
1 Corinthiens 4,17 : Pour cela je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Christ, quelle est la manière dont j'enseigne partout dans toutes les Églises.
Διὰ τοῦτο ἔπεμψα ὑμῖν Τιμόθεον, ὅς ἐστιν τέκνον (N τέκνον μου → μου τέκνον) μου ἀγαπητὸν καὶ πιστὸν ἐν κυρίῳ, ὃς ὑμᾶς ἀναμνήσει τὰς ὁδούς μου τὰς ἐν χριστῷ, (N χριστῷ → χριστῷ [Ἰησοῦ]) καθὼς πανταχοῦ ἐν πάσῃ ἐκκλησίᾳ διδάσκω.
Cette compréhension qui implique la raison et l’intellect s’opère cependant dans la vérité (alétheia). Ce dernier terme renvoie d’abord à la sincérité, à la franchise, à l’authenticité. (Bailly, p.33); d’où la remarque ci-dessus que Jésus ne s’attarde pas aux apparences, aux faux-semblants.
Actes 18,25 : Il était instruit (katèKéô) dans la voie du Seigneur, et, fervent d'esprit, il annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu'il ne connût que le baptême de Jean.
Οὗτος ἦν κατηχημένος τὴν ὁδὸν τοῦ κυρίου, καὶ ζέων (zéô = bouillir, bouillonner) τῷ πνεύματι ἐλάλει καὶ ἐδίδασκεν ἀκριβῶς τὰ περὶ τοῦ κυρίου, (N κυρίου ἐπιστάμενος → Ἰησοῦ ἐπιστάμενος) ἐπιστάμενος μόνον τὸ βάπτισμα Ἰωάννου:
Il est intéressant de noter que dans ces deux citations, l’effort d’enseigner est compris en rapport à la vie en Dieu (alètheia et pneuma). Ces deux dernières réalités ne sont pas notionnelles, mais relèvent de la vie et de la présence divine. L’effort théologique n’est pas séparé de la vie en Dieu.
L’histoire du Juif Apollos montre aussi que la vie en l’Esprit ne suffit pas non plus, et que parfois une compréhension plus juste de la voie est nécessaire :
Actes 18,26 : Il se mit à parler librement dans la synagogue. Aquilas et Priscille, l'ayant entendu, le prirent avec eux, et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu.
οὗτός τε ἤρξατο παρρησιάζεσθαι ἐν τῇ συναγωγῇ. Ἀκούσαντες δὲ αὐτοῦ Ἀκύλας (N Ἀκύλας καὶ Πρίσκιλλα→ Πρίσκιλλα καὶ Ἀκύλας) καὶ Πρίσκιλλα, προσελάβοντο αὐτόν, καὶ ἀκριβέστερον αὐτῷ ἐξέθεντο τὴν τοῦ (Nτοῦ θεοῦ ὁδόν → ὁδὸν [τοῦ θεοῦ]) θεοῦ ὁδόν.
Le fait que cette voie s’enseigne, peut-être est-ce la raison pour laquelle certaines versions de la Bible traduisent «hodos» (voie) par doctrine (Louis Second 1910), ce que ne font pas la TOB et la Bible de Jérusalem ou la King James version!?!
Actes 22,4 : J'ai persécuté à mort cette doctrine, liant et mettant en prison hommes et femmes.
ὃς ταύτην τὴν ὁδὸν ἐδίωξα ἄχρι θανάτου, δεσμεύων καὶ παραδιδοὺς εἰς φυλακὰς ἄνδρας τε καὶ γυναῖκας.
Actes 24,22 : Félix, qui savait assez exactement ce qui concernait cette doctrine, les ajourna, en disant : Quand le tribun Lysias sera venu, j'examinerai votre affaire.
Ἀκούσας (N Ἀκούσας δὲ ταῦτα ὁ Φῆλιξ ἀνεβάλετο αὐτούς→ Ἀνεβάλετο δὲ αὐτοὺς ὁ Φῆλιξ) δὲ ταῦτα ὁ Φῆλιξ ἀνεβάλετο αὐτούς, ἀκριβέστερον εἰδὼς τὰ περὶ τῆς ὁδοῦ, εἰπών, (N εἰπών → εἴπας) Ὅταν Λυσίας ὁ χιλίαρχος καταβῇ, διαγνώσομαι τὰ καθ’ ὑμᾶς:
UNE IMAGE VAUT MILLE MOTS